Green Navy est née, en 2017, de la volonté de son fondateur, Atila Pérez de décarboner le transport de marchandises entre le continent et la Corse. Depuis, l’entreprise a évolué, s’est installée en Bretagne et se focalise, d’abord, sur le transport de passager interîles.
À l’origine de Green Navy, l’ambition de décarboner les liaisons continent Corse
Comment concilier acheminement de marchandises vers la Corse et décarbonation du transport ? C’est de cette question qu’est née l’entreprise Green Navy. En 2017, Atila Pérez, chef d’entreprise à la tête de plusieurs magasins de grande distribution sur l’île de Beauté, souhaite trouver une alternative décarbonée pour transporter les denrées en provenance du continent. L’absence de solutions en 2017, associant sécurité et possibilité d’effectuer des liaisons toute l’année, met un frein à cette ambition.
L’année 2019 marque un coup d’accélérateur dans la genèse du projet. L’entreprise Green Navy est officiellement fondée. L’architecte naval Guy Saillard embarque dans l’aventure afin de dessiner et définir un premier cahier des charges. Il en découle que la meilleure configuration de navire destinée à effectuer des liaisons continent Corse sans émission est celle du catamaran à propulsion électro-hydrogène.
Au fur et à mesure de son existence, le projet Green Navy voit arriver Grégoire Lebigot comme investisseur et associé et Charles Cardi, en qualité de directeur général. Il change également de cap. Le futur bateau de Green Navy transportera des passagers. “D’un point de vue administratif, il est plus complexe d’obtenir le permis de navigation pour un navire de transport de passagers. Nous avons alors décidé d’aller vers le plus ambitieux à mettre en œuvre avant de pouvoir, éventuellement, développer nos gammes et produire une version de transport de marchandises. Nous avons cependant la grande majorité des plans de cette version, de même qu’une version mixte ro-pax, détaille Charles Cardi. Au-delà de l’administratif et la sécurité, nous avons également identifié un marché adressable plus important sur ce type de navires et donc potentiellement plus d’impact pour la réduction des émissions de gaz polluants. Il y a également une meilleure maturité de la part des utilisateurs finaux, qui sont en demande de mobilités vertueuses pour les trajets quotidiens ou touristiques.”
La construction de Prometeo, le premier navire sous pavillon Green Navy, a débuté en 2023. Ce bateau embarquera des moteurs électriques et un parc de batteries rechargeables grâce à deux piles à combustible. Son pont supérieur contiendra un système de stockage de bouteilles d’hydrogène 350 bar.
La Bretagne un territoire idéal pour amarrer Green Navy
Le changement d’horizon de Green Navy s’effectue également d’un point de vue géographique. L’entreprise choisit la Bretagne pour s’implanter et plus précisément La Forêt-Fouesnant. Outre sa maritimité, la région dispose de nombreux atouts pour Green Navy. Elle a été l’une des premières de France à lancer une feuille de route hydrogène renouvelable et le Conseil régional de Bretagne ambitionne de décarboner sa flotte de navires, dont ceux effectuant des liaisons interîles et îles continent. “La Bretagne est le territoire propice à notre développement, assure Charles Cardi. Nous avons choisi la Bretagne en raison de l’engagement de la région en faveur de l’innovation maritime, et plus particulièrement des énergies marines. Ce territoire nous offre des infrastructures de pointe, un réseau d’industriels et de financiers dynamiques et engagés, et nous bénéficions du soutien et de l’expertise des pôles de compétitivités. Nous avons été très bien accueillis à Port La-Forêt, qui est un véritable centre d’excellence propice à la collaboration et à l’innovation, et qui plus est, à la renommée internationale. Plus précisément pour Prometeo, la Bretagne héberge de nombreux projets de production et de distribution d’hydrogène à court terme. La mise à l’eau de notre bateau étant prévue pour 2025, nous pensons qu’il aurait tout à fait sa place en exploitation autour des côtes bretonnes dès la saison estivale. Enfin, n’oublions pas que la Corse et la Bretagne ont de nombreux points communs, à commencer par une identité forte et un patrimoine exceptionnel. Mais également les mêmes défis économiques, sociaux et culturels. »
Prometeo disposerait d’une autonomie de 300 miles nautiques lui permettant d’assurer les rotations toute la journée, avant d’effectuer son avitaillement à quai le soir. A l’avenir, Prometeo pourrait voir arriver une flotte de navires variée “de 18 à 40 m, car nous pensons que ce sont les dimensions les plus pertinentes pour une technologie utilisant hydrogène dans sa forme gazeuse.” Parmi les bateaux en prévision, Green Navy ambitionne d’en bâtir un pour du transport de marchandises. La boucle serait bouclée.