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Le GIP CEI de Redon a développé son propre écosystème hydrogène

Depuis début septembre 2023, le GIP CEI de Redon est doté d’une station de recharge pour vélos hydrogène. Projet pédagogique à destination des étudiants du département énergétique de l’ESTI, cet écosystème a finalement vu le jour afin d’alimenter des vélos à hydrogène produit à partir d’électrolyse de l’eau. Retour sur sa genèse avec Farah Rammal, responsable du pôle énergétique du campus, et Dimitri Guitton, alternant en charge de la gestion de cette boucle locale.

 

Un écosystème entre électrolyse et méthanisation

Impliquer ses étudiants afin de faire sortir de terre sa propre boucle locale d’hydrogène, c’est le pari qu’a relevé le GIP CEI basé à Redon. Début septembre 2023, l’établissement d’enseignement supérieur qui propose des formations allant du Bac+2 au Bac+5 a rendu opérationnel sa propre station de recharge pour 5 vélos à hydrogène.

Cette mise sous tension concrétise un projet long de deux ans, permettant de mettre en place des travaux pratiques et des projets pour des étudiants en licence et en master efficacité énergétique. Nous avons réussi à installer cet écosystème d’hydrogène qui permet de produire de l’hydrogène vert à des fins de mobilité décarbonée”, situe Farah Rammal, responsable du pôle énergétique de l’ESTI (Ecole supérieure des technologies industrielles).

L’hydrogène nécessaire pour alimenter la station est produit grâce à l’électrolyse de l’eau avec de l’électricité qui sera issue de panneaux photovoltaïques et d’un module de cogénération associé à une unité de microméthanisation.

 

schéma fonctionnement écosystème redon
Schéma représentant le fonctionnement de l’écosystème hydrogène du campus de Redon.

 

Un temps de recharge de 3 minutes

La station hydrogène permet de recharger les vélos en seulement 3 minutes. Celle-ci est segmentée en deux parties. La première permet la production d’hydrogène à partir de l’électrolyse de l’eau. Le débit de production est de 1 Nm3 par heure. L’hydrogène produit est ensuite stocké dans un premier réservoir de 850L, 60bar. La seconde partie permet la surpression de l’hydrogène pour être stocké dans un deuxième réservoir de 200L, 500bar, sachant que les vélos nécessitent une pression d’au moins 300 bars afin d’être rechargés.” Fournis par l’entreprise Pragma Industries, les vélos embarquent une bombonne de 2L, 300bar.

 

Des embûches dans la genèse de cet écosystème hydrogène…

Deux ans auront donc été nécessaires pour voir la station fonctionner de façon optimale. Avant septembre 2023, le parcours de l’équipe à la barre du projet a été semé d’embûches. D’abord pour des questions d’assurance pour les vélos et les équipements de la boucle locale. “Les nouvelles technologies intégrées dans les vélos et peu connues de la part des assureurs ont compliqué les démarches d’assurance”, souligne Dimitri Guitton, alternant en mastère Smart Energy Logistics au sein du campus et en charge de la gestion de cette boucle locale. Il n’a pas été simple non plus de trouver une assurance pour la partie microméthanisation située en centre urbain de Redon. Nous avons un partenariat avec le lycée agricole ISSAT de Redon sur la partie microméthanisation. Il nous a permis de pouvoir assurer l’équipement avec une assurance dédiée au domaine agricole et en lien avec la méthanisation.”

La réglementation autour du projet a également ralenti la mise en place de cet écosystème. “Le projet était déjà amorcé avant que nous le reprenions en novembre 2021.  Il a donc fallu récupérer toutes les informations auprès des différents acteurs du projet et apporter les modifications nécessaires à son bon déroulement.  Aussi, nous avons dû nous renseigner auprès de la DREAL pour prendre en considération tous les aspects réglementaires liés aux différents équipements. Les réglementations sont très claires pour chaque équipement, mais lorsqu’on les associe dans le cadre d’un écosystème local, il y a une vraie complexité.”

Enfin le projet a également dû composer avec les inquiétudes du voisinage de l’établissement. Une réunion d’information s’est alors tenue le 3 novembre 2022. “Elle nous a permis d’expliquer aux voisins les enjeux et les objectifs de ce démonstrateur purement pédagogique, appuie Farah Rammal. Elle a été très bien perçue car nous avions réalisé toutes les modifications nécessaires pour être en phase avec les réglementations et pris en considération les contraintes liées au voisinage. Le fait de leur avoir expliqué notre démarche, et notamment la partie micro-méthanisation, les a rassurés et a dissipé leurs inquiétudes liées à cette méthode de production d’énergie.”

 

… mais de bon augure pour l’acceptation de projets hydrogène à l’avenir

Cette succession d’obstacles et notamment les débats avec le voisinage pourraient finalement se muer en sources d’inspiration pour bon nombre de projets hydrogène en réflexion ou en phase de développement en Bretagne ou même ailleurs. “Ce type de projet pourrait grandement participer à construire positivement l’image de l’hydrogène renouvelable, admet Elodie Boileux, cheffe de mission hydrogène renouvelable chez BDI. L’usage qui en sera fait est un usage de proximité et répond aux besoins des personnes. C’est un exemple très concret du quotidien. Où l’on apporte un service de proximité à des personnes qui sont rarement ciblées en premiers utilisateurs de ce type de services très innovants.”

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